بسم الله الرحمن الرحيم
الحمد لله والصلاة والسلام على رسول الله أما بعد
Voilà encore un sujet important, sur lequel il convient de s’exprimer avec science, comme tous les sujets. Mais d’autant plus pour celui-ci, qui a malheureusement été l’objet de nombreuses dérives qui ont causées du tort, avant tout, aux malades mais aussi aux musulmans de manière générale.
▪️ Définition de la rouqya
- Que veut dire ce terme ?
Rouqya vient de l’arabe « raqa » qui a plusieurs sens, et celui qu’il prend ici est « ‘oudhah » qui signifie « la formule de protection ».¹
Cheykh Al-Albani – رحمه الله – dit :
« La rouqya consiste en des invocations que récite le « raqi » (nom de la personne qui récite ces formules de protection) à certains malades. »²
La rouqya fait donc partie des paroles que l’on prononce pour repousser un mal mais aussi pour en être protégé avant qu’il touche la personne comme l’a évoqué cheykh Salih Al-‘Ousaymi – وفقه الله – dans sa khoutba concernant la rouqya.
Ceci est très important à comprendre, et beaucoup de musulmans l’ignorent malheureusement : la rouqya est une invocation, une demande de protection et de guérison du malade. Mais les gens y ont ajouté un tas de choses qui n’ont aucun fondement.
Al-Boukhari – رحمه الله – a évoqué dans le livre de la médecine de son « sahih » (recueil de ahadith authentiques), le chapitre de la rouqya du prophète ﷺ. Il y évoque, entre autres, le hadith de Anas :
Thabit et ‘Abdou-l-’Aziz entrèrent auprès de Anas Ibn Malik, et Thabit dit : « O Aba Hamza ! je me suis plaint (d’un mal) », Anas dit : « ne te ferais-je pas la ruqya du messager d’Allah ﷺ ? » il dit : « Bien sûr ! » il dit : « O Allah, Seigneur des Hommes, Celui qui fait partir le mal ! Guéris, Tu es Le Guérisseur (Ach-Chafi), il n’y a pas de Guérisseur à part Toi, une guérison qui ne laisse pas aucune maladie ».³
Al-Boukhari – رحمه الله – a aussi évoqué le chapitre des rouqa (pluriel de rouqya) par le coran et les (sourates) protectrices (les trois dernières sourates du coran), le chapitre du fait de souffler délicatement de la salive (en arabe « nafth ») dans la rouqya.
▪️ Qu’en est-il des autres pratiques affiliées à la rouqya ?
Cette rouqya conforme à ce qui a été rapporté dans les textes authentiques n’a rien à voir avec ce qui s’est malheureusement propagé de nos jours : la violence envers le malade⁴, lui faire boire de grandes quantités d’eau salée⁵, la rouqya par téléphone⁶, prendre la rouqya comme une « profession »⁷ …
▪️ Pourquoi les musulmans n’appliquent pas les orientations du dernier des prophètes ﷺ ? Pourquoi trouve-t-on des gens violenter autrui de cette façon ?
L’ignorance ou le suivi des passions, les causes sont nombreuses. Il y a aussi le fait de faire passer les textes du coran et de la sounna au second plan.
Cheykh Al-Albani – رحمه الله – explique aussi que même si on reconnait le mérite de certains imams comme par exemple Ibn Taymiyyah – رحمه الله – et que nous sommes reconnaissants envers eux, on doit toujours prioriser les textes du coran et de la sounna authentique, et la violence n’a pas été légiférée².
On trouve au contraire que le dernier des prophètes ﷺ n’a jamais frappé qui que ce soit hors du cadre d’une guerre⁸.
Cheykh Al-Albani – رحمه الله – était d’avis qu’il fallait se contenter des textes à ce sujet et que plusieurs choses aujourd’hui très répandues ne font pas partie de la rouqya : le fait de réciter dans l’eau⁹, de réciter sur l’huile¹⁰, écrire des versets sur un papier et les tremper dans l’eau que l’on boit ou avec laquelle on se douche² (d’autres grands savants dont Ibn Baz – رحمه الله – sont d’avis que ces choses sont autorisées wa Allahou a’lam ).
▪️Pourquoi est-il essentiel pour le musulman de s’instruire concernant la rouqya ?
L’ignorance a mené les malades à se diriger vers des sorciers, des charlatans, des voyants, alors que tout le monde est capable de se faire la rouqya, de réciter le coran et d’invoquer pour lui-même.
Cheykh Al-Albani – رحمه الله – dit :
« Je ne connais pas de remède à la sorcellerie en dehors de la rouqya légiférée, la lecture du coran, et le fait de s’orienter vers Allah, l’implorer, afin de traiter cet ensorcelé de (son atteinte par) la sorcellerie. Quant au fait d’aller voir les voyants, les devins afin de savoir qui a fait la sorcellerie et quel est le type de sorcellerie afin de la rompre, etc. Cela en plus de ne pas être bénéfique, c’est pratiquer des causes non légiférées, et cela peut même faire partie des causes faisant partie du polythéisme (en arabe : « chirk »). Du fait de ce que certaines contiennent comme formules dont le sens n’est pas connu, et pouvant intégrer une demande d’aide aux diables (en arabe : « chayatine ») dont on ne connait pas les noms. Mais ceux qui les connaissent sont ces menteurs qui s’aident de compagnons parmi les djinns, comme a dit le Seigneur des univers dans le noble coran (sens rapproché) : {Or, il y avait parmi les humains, des mâles qui cherchaient protection auprès des mâles parmi les djinns mais cela ne fit qu’accroître leur détresse.} »¹¹.
La sorcellerie et la voyance sont des choses graves, interdites en islam. Il convient de s’informer afin de les éviter.
▪️ Les indications de la rouqya
Pour quelles maladies fait-on la rouqya ?
Les musulmans croient aux informations issues du coran et de la sounna du dernier des prophètes ﷺ, parmi ces informations, certaines choses font partie de l’invisible¹² :
- La croyance en l’existence des anges, des êtres créés de lumière¹³, ne désobéissant jamais à Allah en ce qu’Il leur commande¹⁴ ;
- La croyance en l’existence des djinns, des êtres créés de feu¹⁵, il y a parmi eux des vertueux et d’autres qui le sont moins¹⁶. Il y en a parmi eux qui veulent faire du mal aux Hommes comme lui faire croire qu’Allah n’existe pas¹⁷, l’attirer vers le mal, mais aussi la possession.
– La possession (en arabe « al-mass¹⁸ ») : Tous les gens de science sont d’accords sur le fait qu’il est prouvé par le coran et la sounna que le djinn peut posséder un Homme¹⁹.
Comme on a vu dans les paroles précédentes de cheykh Al-Albani, la rouqya est un remède pour la possession comme le montrent certains ahadith.
– La sorcellerie (en arabe « as-sihr ») : elle est réalisée (de multiples façons) pour causer un réel effet qui fera du mal à une personne, avec l’aide des mauvais djinns. Comme cité plus haut, la rouqya est un remède pour ce mal.
– L’œil (en arabe « al-‘ayn ») : causé par le regard de quelqu’un agréablement étonné de ce qu’il voit ou même de ce qu’il entend. D’après Anas, il dit que le messager d’Allah ﷺ a autorisé la rouqya contre l’œil, le venin et l’eczéma²⁰.
Ces choses : la possession, la sorcellerie et l’œil sont une réalité que même les non croyants constatent, voir subissent. Ces derniers se tournent même avec ignorance et désespoir vers les sorciers et charlatans qui ne font qu’augmenter leur détresse.
Cheykh Al-Albani – رحمه الله – évoque que pour ces maladies qui sont liées à l’invisible, il convient de s’attacher aux remèdes rapportés authentiquement dans les textes, car on ne peut tirer une expérience de choses liées à l’invisible²¹ (c’est l’avis d’autres grands savants, et d’autres grands sont d’avis que l’on peut prendre de l’expérience dans ce domaine).
La rouqya n’est pas uniquement indiquée pour les maladies liées à l’invisible
– Pour tout mal
D’après ‘Aicha, si le messager d’Allah ﷺ visitait un malade il disait : « Fait partir le mal, Seigneur des Hommes ! Guéris, Tu es Le Guérisseur (Ach-Chafi), il n’y a de guérison que Ta guérison, une guérison qui ne laisse pas aucune maladie »²². Elle dit aussi que si le messager d’Allah ﷺ était touché par (un mal), il récitait sur lui-même les protectrices (les trois dernières sourates du coran) et il crachotait²³.
Ibn Al-Qayyim – رحمه الله– évoque dans zad al-ma’ad : « le coran est un remède parfait contre tous les maux du cœur ou du corps, et les maux de la vie d’ici-bas et de l’au-delà. Mais le fait d’être capable et d’avoir l’aide (divine) pour se soigner avec, n’est pas accordé à tout le monde. Si le malade se soigne correctement avec, l’utilise sur son mal avec sincérité et foi, avec une acceptation complète, une croyance ferme, en respectant ses conditions, alors le mal ne pourra jamais lui résister. Comment les maux pourraient résister à la parole du Seigneur de la terre et du ciel ? Si elle avait été descendue sur une montagne, elle l’aurait fendue, ou sur une terre, l’aurait coupé ».
Donc ce n’est pas un exorcisme comme il est connu chez les chrétiens.
Le but peut être de soulager le malade d’une possession par un djinn, mais pas uniquement.
Et les musulmans ne parlent pas à ces djinns malveillants, ils invoquent Allah en présence du malade.
Il incombe donc à chaque musulman d’apprendre à faire la rouqya pour lui-même, ceci est plus proche de la sounna et de la perfection de l’unicité d’Allah, et cela permet d’éviter tous les charlatans qui sont une barrière entre les gens et leur Seigneur.
والله أعلم والصلاة والسلام على رسول الله
- Voir les dictionnaires comme « maqâyîs al-loughah » d’Ibn Fâris, « lisân al-‘arab » d’Ibn Al-Mandhoûr, « Al-mou’jam al-wasît »…
- https://youtu.be/H9H9b62Z6is
- Hadith rapporté par Al-Boukhari 5742
- Cheykh Al-Albani – رحمه الله – a évoqué que le fait de frapper n’est pas un remède dans la religion, et que même s’il y a un profit dans un remède (comme certains le prétendent), cela ne veut pas dire qu’il est légiféré dans notre religion. Et il évoque l’exemple du vin {Ils t’interrogent sur le vin et les jeux de hasard. Dis : Dans les deux il y a un grand péché et quelques avantages pour les gens ; mais dans les deux, le péché est plus grand que l’utilité ».} sourate Al-Baqara verset 219. https://youtu.be/Nt70nTdfOro
- Fatwa (la fatwa est une réponse à une question portant sur la religion) du cheykh ‘Aziz Ibn Farhan Al-‘Anazi – حفظه الله – qui corrige l’erreur d’utiliser l’eau salée dans la rouqya et évoquant que le hadith sur l’eau salée concerne le fait que le prophète ﷺ a été piqué par un scorpion et a plongé son doigt dans l’eau salée mais il n’a pas récité dans l’eau [hadith rapporté par At-Tabarani dans « al-mou’jam as-saghir n°830 jugé hasan par Al-Haythami et jugé sahih par Al-Albani dans As-Sahiha 548]. https://youtu.be/PehwsPbxUGw
- Cheykh Al-Fawzan – حفظه الله – qui évoque le fait que la rouqya par téléphone n’est pas une rouqya car la rouqya doit se faire avec le malade, en récitant et en crachotant, ceci est ce qui est rapporté dans la sounna. https://youtu.be/Zajd_NpXMGY
- Cheykh Salih As-Souhaymi – حفظه الله – qui dit de faire attention aux rouqah (pluriel de raqi, celui qui fait la rouqya), et évoque l’innovation (donc la grande interdiction) de prendre la rouqya comme une profession. https://youtu.be/MGsfT0PShsE
- Voir le hadith de ‘Aicha rapporté par Mouslim 2328